«C'est un bordel, Corbeil !» Dans un café près de la gare de Corbeil-Essonnes, le PCF Bruno Piriou, opposant historique au baron UMP local Serge Dassault, est accosté par plusieurs clients qui sourient : «Allez, la prochaine, ce sera la bonne !»
Pour la deuxième fois en moins d'un an, l'élection municipale a été annulée, le 26 mars, par le tribunal administratif de Versailles. Pour la troisième fois en deux ans, si le Conseil d'Etat confirme le jugement, les habitants de cette ville de 40 000 habitants de l'Essonne devront réélire un maire d'ici à l'automne. «C'est la confirmation que Serge Dassault a mis en place un système ici», dénonce Bruno Piriou.
Fauteuil. En 2009, grâce à un travail d'enquête, le communiste avait fait tomber Serge Dassault, assis dans le fauteuil de maire de la commune depuis 1995. Ce conseiller général PCF avait réussi à prouver l'existence de «dons d'argent» par l'industriel à des habitants de la ville pour qu'ils votent en sa faveur. Le sénateur, également patron du Figaro, avait été déclaré inéligible pour un an. Tout comme Bruno Piriou qui n'avait pas inscrit la location d'une salle dans ses comptes de campagne.
Cette fois-ci, sur un recours du socialiste Carlos Da Silva et de l'écologiste Jacques Picard, c'est une histoire de bulletins de vote qui devrait renvoyer tout le monde aux urnes. Ceux de Jean-Pierre Bechter, bras droit de Serge Dassault, portaient explicitement le nom du maire s