Menu
Libération
Analyse

La droite s’empêtre dans le niqab

Article réservé aux abonnés
Alors que les chefs de l’UMP surfent sur l’affaire de l’automobiliste voilée pour défendre une accélération de la loi antiburqa, Fillon tente de calmer le jeu et promet un projet pour le 19 mai.
Anne, une Française musulmane verbalisée pour port de niqab au volant, son compagnon et leur avocat Jean-Michel Pollonoon, le 26 avril à Nantes (© AFP Jean-Sébastien Evrard)
publié le 27 avril 2010 à 0h00

Les dirigeants de la majorité se sont engouffrés, bille en tête, dans le piège grossier que leur a tendu l’époux d’une automobiliste intégralement voilée. En superposant une polémique sur la polygamie supposée de ce commerçant nantais - avancée par le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux - au débat sur le projet de loi antiniqab annoncé la semaine dernière par le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, la droite semble donner raison à ceux qui l’accusent de jeter le discrédit sur l’islam.

Reçu hier matin par le Premier ministre, François Fillon, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohamed Moussaoui, l'a dit sans détour sur le perron de Matignon : «Les musulmans de France sont stigmatisés et s'inquiètent de cette stigmatisation.» Il a dénoncé «une dissymétrie dans la médiatisation» entre l'affaire de Nantes et le «très grave» attentat contre la mosquée d'Istres (Bouches-du-Rhône), dont la façade a été touchée par une trentaine de balles (lire ci-contre). Pour Faouzi Lamdaoui, membre du conseil national du PS, ce mitraillage de mosquée est une «conséquence directe de la politique hasardeuse menée par le gouvernement Fillon qui consiste à stigmatiser une partie de la population française, dont le seul tort est d'être de confession musulmane ou supposée telle».

Pour sa part, le Premier ministre a fait part à la délégation du CFCM de sa «vive émotion et de son soutien» après l'attaque contre la mosquée d'Istres. Insis