Dans une tribune publiée ce jour par le Figaro, Edouard Balladur a réagi aux révélations de Libération en avançant quatre arguments. Nous avons décidé de les confronter aux éléments factuels recueillis lors de notre enquête, que l'ex-Premier ministre s'est bien gardé de démentir ou commenter.
Tout est légal
«Pour assurer le financement des dépenses électorales de ma campagne, j’ai eu recours à l’ensemble des moyens légaux dont je disposais. […] Les comptes de ma campagne ont été audités, puis remis au Conseil constitutionnel et validés par lui au Journal officiel.»
Pas un mot, ni même l’esquisse d’une réfutation, à propos des 10 millions versés en espèces sur son compte de campagne présidentielle en avril 1995. Les faits sont attestés par un document bancaire du Crédit du Nord, où étaient logés les comptes de l’Aficeb (Association pour le financement de la campagne d’Edouard Balladur). Pas un commentaire, non plus, sur cette autre bizarrerie : les deux intermédiaires alors désignés par le pouvoir en place ont pu empocher une proportion non négligeable de leur commission (54 millions de francs sur 216) dès le premier semestre 1995.
Edouard Balladur se réfugie derrière le blanc-seing du Conseil constitutionnel, alors présidé par Roland Dumas. Lequel ne s’est, en effet, pas montré très curieux. A l’époque, les versements aux partis politiques étaient plafonnés - 30 000 francs pour un particulier, 500 000 francs pour une entreprise - avec obligatio