Il ne se veut pas étendard du pétard légalisé. D'ailleurs, ça le fait «un peu flipper» qu'on soit là aujourd'hui, calepin en main, dans sa mairie, à parler champs d'herbe en Ile-de-France en remontant le fil de sa vie. «Un petit maire, un blaireau comme moi, on s'en fout», provoque-t-il, décochant un coup d'œil clair sous ses sourcils en bataille. Mais puisque la crème de la politique ne bouge pas d'une oreille sur la question, il faut bien qu'il s'y colle.
Ces derniers temps, Stéphane Gatignon, maire écolo-coco de Sevran, polo, jean et baskets, a fait le tour des radios et des télés. Un peu malgré lui : une poussée de fièvre dans ce coin de Seine-Saint-Denis avec des opérations antidrogue - dont celle, très médiatique, dans une cité de Tremblay-en-France - et des caillassages de bus. Le tout sur fond de coups de menton présidentiels. Et un peu par sa faute : il est l'élu local, quadra, bon client - on lui trouve un air froncé de navigateur - qui oppose à cette bouffée toute sécuritaire une solution très pragmatique. Pour couper l'herbe sous le pied des trafiquants, soutient Gatignon, «ouvrons le débat» de la légalisation.
Aux courroucés «ça ne se fait pas», il rétorque «pourquoi pas ? Parlons-en». Comme il le fait tout le temps, accro à l'argumentation politique. Cette «grande hypocrisie» l'exaspère. 12 millions de Français ont déjà fumé du cannabis, 4 millions sont consommateurs réguliers. «Bien sûr, on est sur un problème de santé pub