François Mitterrand est le premier président de la Ve République à être réélu pour un septennat au suffrage universel. Le général de Gaulle s'était succédé à lui-même en 1965, après avoir été élu en 1958 par un collège restreint de grands électeurs. Dimanche soir, le président «restant» devait avoir en tête ce long chemin parcouru à force d'opiniâtreté, de victoires à peine savourées que déjà se profilaient des défaites, après tant d'embûches, d'humiliations : plus de quarante ans de vie publique pour franchir l'ultime marche en vainqueur, conjurer l'angoisse de la campagne «de trop».
Vendredi soir, il a paru passer le relais «pour d'autres combats» à Lionel Jospin, Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Michel Rocard et Pierre Bérégovoy. Ses premiers adieux à la scène. Etonnant meeting, avec un discours un peu décousu, où l'orateur ne semblait même plus chercher à convaincre une opinion dont il savait déjà qu'elle le plébisciterait le surlendemain. C'est dans cette même ville de Toulouse que, voici vingt-trois ans, il éprouva, lors de sa première campagne présidentielle, une émotion particulière. Face à la foule qui l'écoutait, s'opéra, racontera-t-il, une sorte de conversion et il revêtit pour longtemps l'habit de prêcheur socialiste, lui qui était jusque-là un de ces républicains trop imprégnés de christianisme pour être radical pur jus, trop laïque pour être démocrate-chrétien pur sucre. Un homme de centre-gauche qui devint le tuteur de l'Union de la