Cela va beaucoup agacer, à gauche comme à droite, et pourtant c’est ainsi : la crise de l’euro (qui n’est que le symptôme théâtral de la crise du système monétaire et financier mondial) a permis à deux Français de se mettre en valeur. Nicolas Sarkozy s’est nettement imposé parmi ses pairs européens comme le leader naturel dès que souffle la tempête ; Dominique Strauss-Kahn a démontré une fois de plus à l’occasion de cette épreuve qu’il possède toute la compétence, la clairvoyance et l’autorité nécessaire pour faire face au péril extrême. La France possède deux hommes d’Etat, deux hommes de crise. Le paradoxe est que plus ils coopéreront efficacement durant l’année qui vient et plus ils risquent de se retrouver face à face dans moins de deux ans.
Nicolas Sarkozy est médiocre durant les périodes ordinaires et devient excellent lorsque la crise déferle. En temps normal, ses défauts gâchent souvent ses qualités. Il ne manque jamais d’imagination, d’ambition, d’énergie. Son style, sa méthode, son autoritarisme, son rythme annihile trop souvent ses efforts. On peut contester nombre de ses choix, on peut déplorer son expression, son activisme boulimique, la concentration presque pathologique du pouvoir. Il veut réformer, il veut moderniser, il veut remettre la France en état de compétition. C’est son dessein et sa vocation. Il est là pour cela mais il brouille régulièrement les cartes dont il dispose. Sauf quand les choses deviennent vraiment dramatiques : cela s’est produit deux fo