Voici pas mal de temps que nous l'avions senti venir ; il faisait son petit bruit sympa à France Culture depuis nombre d'émissions, transporté par maints universitaires de retour de colloques américains ou québécois : voici le care. Pour l'heure : une astuce qui permet au PS de prouver aux épatés son «changement de logiciel» (sic) ; et à beaucoup d'intellectuels d'éviter tout effort philosophique de radicalisation, épargnant à la clientèle l'anxiété d'affronter l'écologie. Continuons tranquillement à perdre le temps politique au seuil de la révolution économique et mentale qui va s'imposer, sans doute par de grands séismes, qui n'auront pas l'appellation rassurante de crise.
Le care, nouveau parasite intraduisible sans contresens, qui augmente la pression globish sur notre langue et dans notre prose, est étranger à la pensée française, de toute son histoire, de tout son être.
En France, c'est-à-dire en Europe, nous avons (nous avions) la cura (repris au début de Sein und Zeit), la Sorge (en provenance du même), le souci, l'angoisse, et pas mal d'autres concepts de Pascal à Sartre (en passant par Kirkegaard, etc.) : le sérieux philosophique parlait aussi français. «En temps normal», à l'âge récent du sérieux, un sourire aimable aurait dû accueillir le care ; anglo, libéral, commercial, puis «sarkozyque». Nous savons depuis Tocqueville la société et «les conceptions» américaines à jamais inassimilables auta