Avec ses deux logements de fonction, l'un à son ministère à Bercy, l'autre rue de Lille, à proximité de l'Assemblée nationale, Christian Estrosi a-t-il pris des libertés avec la circulaire Raffarin ? Ce texte, publié à la hâte en février 2005 pour tenter d'éteindre «l'affaire Gaymard», fixe les conditions dans lesquelles les ministres, ministres délégués ou secrétaires d'Etat peuvent disposer d'un logement de fonction. Il est toujours en vigueur. L'idée est de parer aux abus. A peine nommé ministre de l'Economie et des Finances en 2004, Hervé Gaymard avait jugé avec sa femme «trop petit» le logement de fonction de plus de 200 mètres carrés mis à leur disposition au ministère, arguant qu'ils avaient huit enfants. La famille avait fini par trouver un appartement privé de 600 m2 au loyer mensuel de 14 400 euros payé par le contribuable. L'affaire lui avait coûté son poste de ministre.
La circulaire Raffarin réaffirme tout d'abord que lorsqu'un ministère «dispose d'un logement de fonction […] destiné à accueillir le ministre, celui-ci a vocation à l'occuper, quelle que soit par ailleurs sa situation personnelle». Dans le cas où un ministre renonce à occuper le logement de son ministère (s'il est déjà propriétaire ou locataire à Paris, par exemple), l'appartement domanial en question pourra être attribué à des ministres délégués ou à des secrétaires d'Etat qui lui sont rattachés. Dans ce cas, «la priorité» sera donnée «à celui d'entre eux