Député de l’Indre et secrétaire national du PS chargé de l’économie, Michel Sapin s’oppose vivement à la proposition du chef de l’Etat.
L’inscription dans la Constitution de la réduction des déficits publics vous semble-t-elle souhaitable ?
Dans le contexte d’aujourd’hui, le débat constitutionnel est totalement surréaliste. La question n’est pas de savoir ce qu’on met dans la Constitution, mais ce qu’on fait, et ce sans brider la croissance, pour réduire un déficit qui s’est aggravé de façon irresponsable ces deux dernières années. Le reste n’intéressera - et encore, éventuellement - que les constitutionnalistes.
Faut-il voir dans ces propositions le fruit de l’insistance allemande en matière de rigueur budgétaire ? La volonté de rassurer les marchés ?
Je ne crois pas que le président de la République propose cela sous la contrainte de l’Allemagne. Peut-être sous la contrainte des marchés. Mais qui connaît bien les marchés sait que ce ne sont pas des réponses ponctuelles qui permettent de les rassurer. Car toute réponse ponctuelle est immédiatement dépassée dans les trois jours qui suivent. Les opérateurs financiers ne seront rassurés sur la situation française que quand le Président et le gouvernement auront pris des mesures responsables, capables de juguler le déficit.
Pourquoi alors une telle piste ?
C’est du sarkozysme à l’état pur: quand les faits sont contraires, quand les réalités ne vous sont pas favorables, lorsque vous n’êtes pas en capacité d’assumer vos responsabilités, vous vous réfugiez dans le discours. Quand il faut réagir aux mouvements erratiques de la finance mondiale, on fait le discours de Toulon. Et ensuite, rien ne change. Quand vous êtes obligé de réagir face à des déficits calamiteux et que vous ne le faites pas, vous vous réfu