Menu
Libération
Critique

Mitterrand, histoire de pouvoir et d’amour déçu

Article réservé aux abonnés
publié le 26 mai 2010 à 0h00

Dans l’Elysée crépusculaire des derniers feux du mitterrandisme, la mort réclame son dû. Malade, le vieux chef de l’Etat est tout autant fasciné par sa résistance que par sa fin qu’il sait prochaine. Autour de lui, tout n’est que ruine, intrigues et haines. Seul reste intact l’ascendant de François Mitterrand sur ceux qui le servent encore ou ont un jour succombé à ses charmes. Conseiller disgracié chargé des chasses présidentielles, François de Grossouvre est l’un d’eux.

Le 7 avril 1994 son amertume sera mortelle. A l'aide d'un 357 Magnum, ce grand amateur d'armes se suicide dans son bureau élyséen et commet ce que Raphaëlle Bacqué appelle «un blasphème dans un lieu sacré». Il est le Dernier Mort de Mitterrand et l'auteure, journaliste au Monde, va le faire revivre en une magistrale histoire de pouvoir et d'amour déçu. Grossouvre est un «personnage» : faux aristocrate fortuné, une barbichette de Valois, un canotier, une toque ou une casquette toujours raccords avec ses costumes sur mesure, un château, six enfants, une femme et une maîtresse qui partage sa vie à Paris, des fioles plein les poches… Comme Mitterrand, il a cru à la révolution nationale de Pétain, raffole des femmes, s'enivre du terroir et du pouvoir. Il va mourir de dépit pour un Président qui en avait fait «le ministre de sa vie privée». Parrain de Mazarine Pingeot, qu'il a logée avec sa mère dans un appartement au-dessous du sien, c'est lui qui gère la double famille de Mitt