De mémoire de sénateur socialiste, on avait rarement assisté à si longue réunion. Entre le groupe PS et la première secrétaire, Martine Aubry, la discussion a duré près de trois heures, hier. C'est que l'enjeu était d'importance : la fin du cumul des mandats, un cheval de bataille que la patronne du PS entend enfourcher tant pour donner à voir une certaine rénovation du parti que pour soigner sa stature morale. Mais un casus belli pour les élus qui, «toutes tendances confondues, sont vent debout» contre l'application d'une telle mesure avant les prochaines sénatoriales, en septembre 2011, rappelle Gérard Collomb, sénateur et maire de Lyon.
Créneau. L'essentiel, pourtant, est acquis : la fronde des barons n'a pas eu lieu. «Ça s'est plutôt bien passé», estimait Jean-Pierre Bel, patron des sénateurs PS, à la sortie. Face à Aubry, c'est lui qui a attaqué, arguant de la possibilité d'un basculement du Sénat à gauche. Et donc de la nécessité de mener bataille avec des élus bien implantés. «On peut être pour le non-cumul et en même temps vouloir gagner le Sénat», a-t-il posé, avant de se livrer à une démonstration chiffrée : «L'application de cette mesure nous ferait perdre près d'une dizaine de sièges en 2011.» Et, du coup, la possibilité de s'emparer de la Haute Assemblée à quelques mois du «combat majeur de la présidentielle». Argument élyséen repris par Robert Badinter. Avant qu'une bonne vingtaine de sénateu