Pour Nicolas Sarkozy, les retraites sont un enjeu à multiples facettes. Il faut à la fois contenter les agences de notation financière, qui menacent de dégrader la note de la France si aucune réforme n’est entreprise, et ne pas heurter de front une opinion qui pourrait descendre la rue pour rejouer les grandes grèves de décembre 1995. Mais aussi montrer à sa majorité qu’il est capable d’imposer une grande réforme, et ainsi décourager toute tentative concurrente de se présenter contre lui à la présidentielle de 2012, tout en ne se mettant pas à dos les syndicats.
Face à cette quadrature complexe, le chef de l'Etat avance lentement, et prudemment. Dans un premier temps, il s'est contenté de lancer le débat sur la réforme, en indiquant qu'aucune piste n'était privilégiée. «Nous mettons tout sur la table, assurait-il en mars, juste avant les régionales. Notamment la durée de cotisation, l'âge de départ à la retraite, la pénibilité.» Puis, avec la publication du rapport du COR, en avril, il a choisi de dramatiser le débat, en ne retenant de ce travail que les prévisions les plus pessimistes. Processus qui s'est accéléré avec le déclenchement de la crise de la zone euro. «Aujourd'hui, grâce au débat engagé, tout le monde est convaincu qu'une réforme doit avoir lieu», se félicitait hier un proche du Président.
Division. Mais, côté syndical, on n'est pas prêts à se rendre sans se battre. «Nous jouons une grosse partie ce jeudi», con