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Libération

Merkel, une chancelière en fer-blanc

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publié le 27 mai 2010 à 0h00

On surnommait Bismarck «le chancelier de fer» et, malgré ses fâcheries, ses bouderies et ses crises de mélancolie récurrentes, c’était amplement mérité. A cette aune, on devrait surnommer Angela Merkel «la chancelière de fer-blanc» car elle semble de plus en plus faite de fer doux laminé, recouvert d’une solide couche d’étain. L’étain de Merkel s’appelle l’égoïsme national retrouvé et le fer doux qu’il recouvre ressemble de plus en plus à l’ambition d’imposer à toute l’Europe, en commençant naturellement par les seize de la zone euro, le sévère modèle allemand.

Depuis deux ans, depuis le déchaînement de la crise bancaire et financière, et de nouveau depuis quatre mois, depuis le déclenchement de la crise des dettes souveraines et de l’euro, Merkel n’a cessé de faire cavalier seul. Elle a méthodiquement fait passer les intérêts de l’Allemagne avant les intérêts de l’Europe, elle a systématiquement pris ses initiatives successives (souvent contradictoires) en fonction d’un principe d’efficacité nationale et non pas de solidarité européenne. L’Allemagne est la principale puissance économique européenne, le centre virtuel de l’euro. Sa conscience historique et son remords nécessaire l’avaient jusqu’ici prémunie contre le retour d’un nationalisme économique, financier, donc politique. C’était la marque des grands chanceliers chrétiens démocrates que furent Konrad Adenauer et Helmut Kohl. L’Allemagne ne s’en porta que mieux et l’Europe tout entière en bénéficia. C’est ce que Gerhra