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Libération

Kouchner, étranger aux affaires

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publié le 2 juin 2010 à 0h00

«L'ouverture c'est toi», lui aurait lancé Nicolas Sarkozy au moment de lui proposer le Quai d'Orsay. Ministre des Affaires étrangères depuis le début de l'ère Sarkozy, Bernard Kouchner était le gros poisson PS pêché par le président de la République. Cette nomination au Quai d'Orsay couronnait, pour le «French Doctor», défenseur des droits de l'homme et du droit d'ingérence, près de quarante ans d'engagement, au sein d'ONG et organisations internationales.

«Je sais quelles sont tes convictions et je ne te demande pas de les renier», lui aurait dit au téléphone Sarkozy. Kouchner explique son choix dans le Monde : «Je ne trahis pas mon camp […]. Si j'ai accepté ce poste, c'est parce que je mesure les nouvelles inégalités, les nouvelles misères de la planète.» Mais après trois ans sous les ors du Quai d'Orsay, à 70 ans, le réveil est douloureux. Kouchner apparaît comme simple trophée d'ouverture de Sarkozy.

Certes, contrairement à d'autres ministres d'ouverture, il ne monte pas au créneau à chaque fois que le chef de l'Etat est attaqué. Mais l'ex-socialiste a dû avaler plusieurs couleuvres (venue du président libyen, Muammar al-Khadafi, à Paris, mainmise des conseillers de Sarkozy sur le dossier iranien…) et s'oblige à de plus en plus de discrétion sur la question des droits de l'homme. Son statut de ministre des Affaires étrangères n'est plus qu'un titre, et on parle de lui comme d'un «ministre fantôme», démonétisé, dépossédé de tout