Ce mois de juin sera gaullien. Cela fait en effet soixante-dix ans qu’a été lancé l’appel le plus fameux de notre histoire contemporaine. Tout au long de ce mois, publications, débats, émissions, commémorations vont se succéder. L’apothéose se produira nécessairement à Londres, le 18. Henri Guaino n’aura pas de mal à trouver l’inspiration pour offrir à Nicolas Sarkozy un discours digne de l’occasion : aucune référence ne correspond mieux aux convictions gothiques et au style flamboyant du plus gaullien des conseillers de l’Elysée.
Ce jour-là, il y aura grâce à lui la grandeur nécessaire dans la capitale de la résistance au Troisième Reich. Winston Churchill en fut l’âme et le glaive. Charles de Gaulle en fut le symbole et le sauveur français. Au moment où tout s’écroulait, le général de brigade à titre temporaire, sous- secrétaire d’Etat d’un gouvernement aux abois, incarna par le génie d’un discours impérissable ce qu’il restait d’honneur et d’espérance française dans l’effondrement national. Jamais Charles de Gaulle ne fut plus grand que ce jour-là, jamais il ne fut aussi seul. On le célèbre aujourd’hui de toutes parts. C’est pourtant un rebelle prophétique qui s’exprima au micro de la BBC.
Si le discours du 18 juin est devenu le fondement même de la geste gaullienne et de la résistance française, s’il a incarné le patriotisme au plus noir de la débâcle, s’il fait aujourd’hui l’admiration générale, il n’en reste pas moins un acte de rupture et de défi avec deux caractéristiq