Outrée que l’on puisse la soupçonner de cupidité, elle, l’incorruptible chrétienne, Christine Boutin s’est invitée hier soir au journal de 20 heures sur France 2. L’arbitrage gouvernemental était tombé quelques heures plus tôt : elle devait renoncer à cumuler ses 9 500 euros de présidente de la mission «sur les conséquences sociales de la mondialisation» avec ses 6 000 euros de retraite de députée et ses 2 000 euros de conseillère générale des Yvelines. Soit un total mensuel net de 17 500 euros.
Pour faire bonne figure, elle a prétendu qu'elle était «assez grande» pour savoir ce qu'elle avait à faire. Que ce n'était pas sur injonction de l'exécutif mais parce qu'elle avait entendu le message «des Français qui ont des petits salaires» qu'elle décidait de «poursuivre gracieusement» la «superbe mission» qui lui a été confiée par Nicolas Sarkozy.
Usage. Mercredi, après la révélation du Canard enchaîné, le gouvernement avait hésité. D'abord solidaire de l'ex-ministre, il a finalement durci le ton : «Je vais demander à Christine Boutin de prendre en compte cette polémique qui ne doit pas durer», a déclaré le ministre du Travail, Eric Woerth. Le matin même, Boutin, 66 ans, expliquait à Libération son étonnement : «Tout travail mérite salaire. J'ai été vingt ans députée, deux ans ministre.»
Mais avec ses 9 500 euros mensuels, en sus de sa retraite, Boutin a pu estimer qu’elle n’avait pas eu droit