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Libération

«C’est indigne d’une démocratie»

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Exaspération, coups d’éclat, soutien, frustration… Retour sur les temps forts de la journée d’hier.
publié le 17 juin 2010 à 0h00

Une page de l’histoire sociale française s’est tournée, hier matin, avec l’annonce du départ légal à la retraite à 62 ans. Toute la journée, le monde politique et syndical a commenté, célébré ou pourfendu cette réforme majeure. Querelle d’interprétation et guerre des mots : la grande bataille de l’opinion publique, qui va se livrer jusqu’au mois de septembre, a démarré.

8 h 30 Eric Woerth livre sa copie

C'est l'ambiance des grands jours au ministère du Travail. Les journalistes font la queue jusque sur le trottoir, le service d'accueil est un peu débordé. «Désolé, c'est un seul par rédaction», doit répondre la chargée de com aux journalistes venus en grappes. Le projet de loi, dont chacun cherchait à connaître le contenu la veille, n'a même pas été communiqué aux syndicats. Ceux-ci ne l'auront que quelques minutes avant le début de la conférence. Eric Woerth, ministre du Travail, entre par une porte dérobée, sans chichi, presque désinvolte.

A l'aise sur le sujet, il ne décollera pourtant presque pas les yeux de son texte. «Cette réforme, [nous l'avons] construite avec deux exigences : être responsable et juste.» Le ton est donné. Quitte à forcer le trait : «Sauver notre système de retraites est un impératif», c'est même une «véritable obligation morale». Arrivent les questions de la salle. Dans ses réponses, Woerth surjoue la dramatisation : «Vos enfants, vous ne pouvez pas décemment les regarder dans la glace [sic], si v