Jean-Jacques Aillagon, président du château de Versailles, organise trois jours d’entretiens (1) dans la salle du Jeu de Paume autour du thème de la démocratie d’opinion.
Avec le philosophe Yves Michaux, vous avez initié les premiers Entretiens du Jeu de Paume pour évoquer la démocratie. Pourquoi avoir choisi un tel lieu ?
La Révolution française, et de ce fait la démocratie française, sont nées ici à Versailles. Les Etats généraux s’y sont érigés en Assemblée nationale constituante. Le serment du Jeu de Paume, à travers lequel les députés se sont jurés de ne pas se séparer avant de donner une constitution à la France, est à cet égard fondateur. A Versailles encore ont été votées l’abolition des privilèges et la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Ayant la responsabilité de cette mémoire et des lieux qui l’ont vu naître, j’ai voulu qu’ils soient mieux connus et servent de cadre à une réflexion sur la démocratie contemporaine.
Les rencontres vont porter sur les moyens de communication plutôt que sur les institutions qui fondent cette démocratie. Pour quelles raisons ?
Quand la démocratie représentative a été fondée, au XVIIIe siècle, les distances étaient immenses. Les citoyens ne pouvaient pas communiquer les uns avec les autres de façon immédiate. Ils ont fait le choix d'élire des députés pour les représenter. Le monde contemporain est radicalement différent. Les opinions des citoyens peuvent s'exprimer instantanément, l'opinion s'invite directement au débat politique et peut parfois jouer un rôle décisif dans la prise de décision politique. Des instances ad hoc, tels les «Grenelle», se substituent à la représentation nationale classique comme espaces du débat.
Internet, les sondages, les médias n’entraînent-ils pas des risques de grande confusion, empêchant une réflexion correcte ?
La question est de savoir comment la démocratie représentative dans sa forme classiqu