Un «p'tit gars» de Toul, grande gueule et grand soldat, est mort vendredi. Le général (4 étoiles) Marcel Bigeard, 94 ans, laisse derrière lui Gaby, épousée en 1942, et des milliers d'autres «petits gars», qui ressentiront durement la disparition de «Bruno», le surnom tiré de son indicatif radio. Au fil des ans, Bigeard en était venu à incarner l'image que les Français voulurent, un temps, avoir de leur armée, en positif comme en négatif. L'image, car si Bigeard fut un grand soldat, il ne fut pas le seul à s'illustrer dans les combats de la Seconde guerre mondiale puis ceux des guerres d'Indochine et d'Algérie. Mais contrairement à ses pairs, Bigeard fut un grand communicant. Il eut non seulement le talent du soldat au combat, mais aussi - surtout, diront ses détracteurs - celui de le faire savoir. Jamais il n'a compté son temps pour les journalistes et il savait trouver la formule à l'emporte-pièce ou prendre la pose «qui va bien» devant les photographes. N'échappant pas non plus à la controverse quand il justifia la torture en Algérie.
Symbole. Il entendait incarner le soldat moderne, en rupture totale avec le poilu de 14-18 ou le «pioupiou» défait en 40 : celui qui court, qui ne boit pas, qui fait la guerre parce qu'il aime ça, un peu comme un sport où il faut respecter son adversaire. Dans une hiérarchie militaire souvent issue de milieux privilégiés, il était le symbole d'une armée démocratique, issue du peuple, qui collait avec les images des