Menu
Libération
Interview

«Le chlordécone augmente le risque de cancer»

Article réservé aux abonnés
Pollution. Luc Multigner a étudié l’influence de ce pesticide, utilisé pour la culture bananière aux Antilles, dans la survenue du cancer de la prostate.
publié le 22 juin 2010 à 0h00

Ses conclusions étaient attendues depuis plusieurs années. Avec impatience et angoisse. Débutée en 2004 en Guadeloupe, l’étude Karuprostate évalue l’impact dans la survenue du cancer de la prostate de l’exposition au chlordécone, un pesticide utilisé durant trente ans aux Antilles contre le charançon du bananier. L’insecticide, qui figure sur la liste mondiale des «douze salopards» - ces polluants organiques persistants dont les écosystèmes ne parviennent pas à se débarrasser -, est aussi classé cancérigène possible pour l’homme et perturbateur endocrinien potentiel. Interdit dès 1976 aux Etats-Unis, il a été utilisé massivement jusqu’en 1993 aux Antilles.

Depuis que la contamination des milieux naturels a été officiellement détectée en 1999, les Antillais se demandent si leur santé est menacée par le fait d'avoir bu une eau et mangé des aliments contaminés durant des années. Publiée aujourd'hui par le Journal off Clinical Oncology, une des plus sérieuses revues scientifiques, l'étude menée sous la houlette de Luc Multigner, chercheur à l'Inserm, et de Pascal Blanchet, chef du service d'urologie du CHU de Pointe-à-Pitre, apporte une première réponse. Luc Multigner commente les principaux résultats.

Pourquoi vous êtes-vous intéressés au cancer de la prostate aux Antilles en lien avec l’exposition au chlordécone ?

La Guadeloupe et la Martinique présentent l’un des taux d’incidence de cancer de la prostate le plus élevé au monde - le double de celui observé en métropole - avec près de 500 nouveaux cas par an dans chaque département. Mais l’on retrouve des taux tout aussi élevés par