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Libération
EDITORIAL

Malaise

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publié le 28 juin 2010 à 0h00

La présomption d'innocence doit aussi s'appliquer aux hommes politiques. Pour l'heure, aucune preuve ne permet d'affirmer qu'Eric Woerth a usé de son influence sur le dossier fiscal de Liliane Bettencourt. Le ministre n'a pas manqué d'agressivité pour le répéter hier au Grand Jury RTL-LCI-le Figaro. Mais l'affaire qui gronde chaque jour un peu plus suscite un malaise profond. Si le ministre et sa femme n'ont aucune responsabilité, pourquoi cette dernière a-t-elle démissionné en catastrophe la semaine dernière ? Si le fisc avait bien reçu un rapport sur Liliane Bettencourt, pourquoi avoir décidé de contrôler François-Marie Banier et non pas la milliardaire ? Les informations qui se multiplient sont de celles qui nourrissent les pires suspicions de l'opinion publique à l'égard du politique : connivences, conflits d'intérêt, impunité des puissants… Nicolas Sarkozy le sait bien, lui le héraut d'une «République irréprochable» de plus en plus fragilisée par un ministre ébranlé et en charge de la plus importante réforme de cette fin de mandat. Le minimum, pour le pouvoir, serait de faire œuvre de transparence et de décider, par exemple, la création d'une commission parlementaire bipartisane pour tirer tout cela au clair. Chez certains de nos voisins, Eric Woerth aurait déjà quitté son poste. En France, sous la pression de la presse, le fisc s'est contenté d'annoncer hier qu'il allait éplucher les comptes de l'héritière de L'Oréal. Une décision tardive qu