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Libération

L’affaire Woerth fait bouger les lignes

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publié le 5 juillet 2010 à 0h00

Trente millions d'euros de restitution d'impôt à Liliane Bettencourt en 2008, au titre du bouclier fiscal : arrivant après une cascade de révélations, celle-ci est plus dramatique que les autres pour le pouvoir. Jusqu'alors, la dérive pouvait passer pour individuelle : le couple Woerth, ses chapeaux, ses dîners, ses remises de décorations, Monsieur pourchassant l'évasion fiscale devant les projecteurs, Madame au service d'une évadée fiscale, était peut-être simplement coupable de légèreté. Il avait peut-être manqué de vigilance. Comme le disait excellemment Claude Guéant, «un honnête homme comme Eric Woerth ne songe pas à prendre des précautions parce que la tentation du conflit d'intérêts ne traverse même pas son esprit». On pouvait se contenter de couper la branche. Avec la révélation que Liliane Bettencourt, dont nous partageons la vie depuis quelques semaines, profite elle aussi du bouclier fiscal, la politique sarkozyste est atteinte au cœur. Les Woerth n'y sont pour rien ? Sans doute. Espérons. Mais c'est encore pire.

Pas la peine de bouder son plaisir. Pas un journaliste digne de ce nom qui ne se dise «enfin!» en voyant Mediapart bousculer jour après jour un pouvoir en débandade. Enfin, pour la presse, la sortie de la léthargie, la crédibilité peut-être regagnée ! Enfin se déchirent les voiles de l’hypnose, ou de la simple déploration rituelle. Enfin une confirmation sidérante porte le fer au cœur du sarkozysme : sa relation incestueuse avec le gros argent. Le