Menu
Libération

Nicolas Sarkozy, le décomplexé de l’argent

Article réservé aux abonnés
publié le 8 juillet 2010 à 0h00

Depuis son élection à la présidence, un mur d’argent sépare Nicolas Sarkozy des Français : mur symbolique, mur médiatique, mur parfois mythique mais mur redoutable. Les Français, on le sait bien, ont en effet une particularité : ils n’aiment pas l’argent, ils détestent spécialement l’argent du voisin et ils exècrent les riches. Dans les pays anglo-saxons, on célèbre la réussite financière, on encense les milliardaires, on applaudit les self-made-men, on affiche sa fortune, on brandit sa feuille d’impôts. C’est une culture matérialiste qui a certes ses contempteurs mais qui règne aux Etats-Unis à un point tel que Dieu et le dollar forment un couple jusque sur les billets verts. Malgré les errements de ses banquiers et les folies de ses traders, la City de Londres pratique la même religion. En Europe du Nord, en pays luthérien ou calviniste, on affiche plus de discrétion ou de décence, plus de sérieux ou d’exigence mais l’argent est vécu comme le signe de la réussite, de l’effort, du talent, presque de la vertu. En Italie, en Espagne, en Belgique, nos voisins ou cousins ne détestent pas l’argent qui triomphe ou la richesse qui s’étale. En France, si.

Au sein de l’Hexagone, l’argent est regardé au mieux comme un mal nécessaire, au pire et plus souvent comme le poison corrupteur qui envenime toute la société. La richesse des autres est vécue comme l’injustice suprême, la fortune du voisin est ressentie comme l’emblème de l’inégalité. Toute la mythologie politique française, toute