Depuis quelques heures, une petite musique court sur les ondes : le procureur de la République de Nanterre estime «qu'il pourrait être envisageable de faire vérifier les éléments révélés dans les conversations» enregistrées au domicile de Liliane Bettencourt et le procureur général de Versailles confirme qu'il «envisage effectivement une enquête pour blanchiment». Diable ! Le parquet serait donc finalement indépendant et s'apprêterait à faire subir à l'exécutif de durs moments ! Regardons-y d'un peu plus près…
Premier bémol : le rapport du procureur de Nanterre à sa hiérarchie, dont le journal le Monde a révélé quelques éléments, lui propose une analyse de l'affaire et de ses suites envisageables «sauf meilleur avis de votre part». La formule, classique, est celle de la soumission au bon vouloir de l'autorité supérieure ; autrement dit le procureur de Nanterre n'agira qu'avec l'accord de son procureur général. C'est un peu : «retenez-moi, où je fais un malheur !» Ce n'est pas, en tout cas, la meilleure preuve de l'indépendance d'un procureur «de base».
Quant à l'autorité supérieure du procureur général, la garde des Sceaux soi-même, que dit-elle ? Qu'elle «ne fera pas obstacle» à une enquête que le parquet peut effectivement décider d'engager. Si l'on prend la ministre aux mots, elle aurait donc délibérément choisi de laisser le parquet libre d'agir. On serait confondu d'admiration devant une telle largeur d'esprit si les instructio