Ames sensibles, s'abstenir. Des ministres de la République marchent, tête baissée, vers l'échafaud. Discrètement, dans une indifférence presque générale, ils subissent une sorte de calvaire qui doit encore durer plus de trois mois. Nicolas Sarkozy a annoncé que des têtes tomberaient à l'automne. «Un supplice chinois», plaisante Dominique de Villepin. En dehors d'une poignée de valeurs sûres, rares sont ceux qui peuvent se dire certains de rester au gouvernement. Beaucoup se croient condamnés. Certains se cherchent encore des raisons d'espérer. D'autres, plus résignés, ont hâte d'en finir. Ils envient leur collègue Joyandet, secrétaire d'Etat à la Coopération, qui eut l'audace de mettre fin lui-même à son existence ministérielle. «Vivement que ça s'arrête !» confiait récemment l'un d'eux, pressé de retrouver sa mairie.
Licencier. En attendant, pour que les choses soient bien claires, les condamnés sont priés de licencier leurs collaborateurs. Il ne devra pas en rester plus de 20 pour les ministres et pas plus de quatre pour les secrétaires d'Etat : une exigence de la «République irréprochable» chère à Sarkozy. Dans ces conditions, l'ambiance est devenue lourde au Conseil des ministres. «On est là, autour de cette grande table, on se regarde et on se dit qu'une quinzaine d'entre nous serons sacrifiés en octobre», confie un membre du gouvernement, qui se donne peu de chance d'échapper à la charrette. Résigné, Il se prépare déj