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Libération
TRIBUNE

L’affaire et ses silences

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par Jean-Michel Rey, philosophe, écrivain
publié le 28 juillet 2010 à 0h00

Les «révélations» à l’origine de l’affaire proviennent du personnel de madame Bettencourt. S’agit-il d’une révolte de certains employés - le majordome et la comptable pour l’heure -, d’un dernier sursaut de ce qu’on appelait jadis la lutte des classes ? Je repense aux comédies de Marivaux dans lesquelles, assez fréquemment, les questions d’argent (pour dire vite) et le statut des domestiques sont traités ensemble. L’histoire est-elle en train de se répéter - partiellement au moins ? En généralisant le propos : comment se fait-il que certains puissants de notre société n’aient pas appris, grâce à Marivaux ou à d’autres, à se méfier foncièrement des domestiques, de leur capacité de comprendre ce qui se joue dans la vie la plus ordinaire ? Pourquoi n’ont-ils pas su garder le silence en leur présence ?

Un autre aspect me laisse perplexe : qu’essaie de faire le pouvoir en brouillant les cartes à ce point ? Que vise-t-on quand on dénonce, avec la gestuelle qui convient à ce genre de circonstance, des «méthodes fascistes», comme l’ont fait plusieurs personnalités politiques ? Quelle représentation du fascisme doit-on avoir pour comprendre les accusations de monsieur Xavier Bertrand ? Alors même que quelques journalistes posent des questions, parfaitement légitimes en démocratie, la seule réponse du pouvoir est quelques mots : fascisme, trotskisme - sans se soucier des incompatibilités.

Pesante politique du silence. Que penser de François Baroin qui, dans les premiers jours de l'affai