Vendredi à Grenoble, le chef de l'Etat a, pour la première fois de son mandat, explicitement lié délinquance et immigration en évoquant «cinquante ans d'immigration insuffisamment régulée qui ont abouti à mettre en échec l'intégration». Et souhaité que la nationalité française soit retirée à certains délinquants d'origine étrangère. Des propos que l'on n'avait pas l'habitude d'entendre dans la bouche d'un homme se prévalant jusqu'alors de ses racines hongroises et qui avait mis fin à la double peine pour les étrangers.
«Guerre». C'était pourtant, à l'origine, un discours destiné à remotiver les forces de l'ordre qui était attendu. Sarkozy venait à Grenoble mettre en place le nouveau préfet, Eric Le Douaron, haut gradé de la police, après avoir débarqué son prédécesseur, jugé responsable des émeutes du quartier de la Villeneuve, il y a dix jours, suite à la mort d'un braqueur de casino. Et les policiers espéraient une réaction énergique de sa part, après que certains de leurs collègues grenoblois, ayant fait l'objet de menaces, eurent demandé leur mutation.
Le programme était avant tout axé sur cette thématique. A 11 heures, Sarkozy est à l'hôtel de police de Grenoble pour voir la hiérarchie et les syndicats. A 12 h 30, il tient à la préfecture une réunion de «lutte contre l'insécurité». Aucune des deux rencontres n'est ouverte à la presse. Puis, vers 13 heures, vient le discours. Cela commence par un laïus classique sur les «voyous»,