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Libération
TRIBUNE

L’identité nationale, un chantier qui doit rester inachevé

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publié le 6 août 2010 à 0h00

Dans un article de 1986, le politologue Pierre-André Taguieff, qui a suivi depuis une évolution surprenante, écrivait : «Le discours récent des droites "libérales" et "nationales" s'est singulièrement radicalisé […] autour d'une réactivation des mythes modernes de l'identité française définie restrictivement et des différences collectives "étrangères" interprétées comme dangereuses.» Il identifiait deux processus à l'œuvre dans cette évolution : d'un côté, l'alignement d'une partie de la droite sur des thèses venus de la nouvelle droite, diffusés dans le Figaro Magazine et qui présentaient «l'identité nationale» comme menacée existentiellement par «le choc» de l'immigration maghrébine ; et, en parallèle, une stratégie «de récupération des mots et thèmes» de la gauche, «appropriation-dépossession d'arguments» qui a pour but «d'interdire à l'adversaire l'usage de ses arguments les plus efficaces» - par exemple l'idée qu'une caractéristique française précieuse est la laïcité.

Nous avons connu l'apothéose de ce double processus pointé par Taguieff avec ledit débat sur l'identité nationale, lancé à grand bruit en novembre 2009 par Eric Besson, et clos (provisoirement, dit-on) en février 2010 par un «séminaire» gouvernemental qui a détaillé quelques mesures insignifiantes. D'une part, le cadre et la logique sous-jacente de ce «débat» étatisé provenaient des répertoires de l'extrême droite que le Président se targuait d'