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Libération
Interview

«Le pouvoir se "frontnationalise"»

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Le socialiste Arnaud Montebourg redoute la montée en puissance du FN dans la roue de l’UMP.
publié le 11 août 2010 à 0h00

Député et président socialiste du conseil général de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg, 47 ans, a été l’un des dirigeants politiques les plus fermes dans la dénonciation de l’affaire Woerth-Bettencourt.

Le remaniement annoncé peut-il permettre à Nicolas Sarkozy d’inverser la vapeur ?

Aucun changement d’équipe ne peut apporter de réponse à la situation politique créée par ce profond discrédit et cette atteinte morale qui frappe les dirigeants de notre pays. Jamais un gouvernement de droite n’était allé aussi loin dans la brutalité, par ses méthodes et ses choix de défendre les intérêts d’une toute petite partie de la population : fortunée et ultraprivilégiée, elle le soutient coûte que coûte et on sait désormais qu’elle finance massivement son action. Et cette droite s’est fermée à toute possibilité de compromis en combattant jusqu’à l’insulte les syndicats sur les retraites, les médias et les magistrats sur le scandale Woerth, et l’opposition parlementaire qui dénonce à bon droit son échec cuisant en matière d’insécurité.

Les dispositions promues par Nicolas Sarkozy sur la déchéance de la nationalité préfigurent-elles une nouvelle orientation du pouvoir ?

Les lourds échecs du pouvoir sur le terrain de la montée de l’insécurité, après presque dix années de déclarations martiales, une trentaine de lois votées aussi inefficaces qu’inapplicables, sont difficilement dissimulables : les résultats montrent la montée objective et statistique de l’insécurité, tout comme d’ailleurs le sentiment d’insécurité chez les Français qui a bondi en trois ans. Le pouvoir se «frontnationalise» et cela n’aura qu’un seul résultat : donner au FN la triste possibilité de remplacer peu à peu l’UMP en validant de faç