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Libération

Hortefeux et les «bien-pensants»

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«Libération» réagit aux propos publiés dans «le Monde».
publié le 23 août 2010 à 0h00

Nicolas Sarkozy ayant «tué le métier» de ministre de l'Intérieur, selon la forte expression par lui employée, ses successeurs ont une vie difficile. Condamnés à l'avance à l'inanité par cette déclaration, il leur faut à tout prix démontrer leur existence. Dans cette entreprise, Brice Hortefeux vient de marquer un point. Il était jusqu'ici une sorte d'hologramme qu'on apercevait place Beauvau quand le vrai pouvoir de décision était à l'Elysée. Il accède à la consistance matérielle en devenant une espèce de haut-parleur : il diffuse et amplifie la pensée du Président sur la sécurité. C'est le sens de l'entretien musclé qu'il vient d'accorder au journal le Monde pour justifier les mesures répressives annoncées cet été.

Un argument asséné avec vigueur retient l'attention : ceux qui critiquent ces propositions, dit le ministre, sont les «bien-pensants», apparemment réunis «à Saint-Germain-des-Prés». L'image - un peu ancienne, puisque Saint-Germain-des-Prés a perdu beaucoup de son lustre intellectuel au profit des boutiques de luxe et vote largement à droite - veut fustiger les élites de gauche, ignorantes des réalités populaires et désinvoltes face à la montée de la délinquance. Elle a eu sa part de vérité : une certaine opinion progressiste a longtemps sous-estimé la revendication de sécurité présente dans les classes les plus défavorisées. Ce n'est plus le cas : la plupart des prises de position sur ce sujet, désormais, font droit à cette exig