Eternelle culpabilité des transfuges, douleur muette des déracinés… Qui dira la souffrance des ministres d'ouverture quand les méandres de la tactique sarkozienne les obligent à des contorsions dignes de Valentin le désossé ? Bernard Kouchner confesse - sur RTL, il y a plus intime… - avoir «songé» à la démission. Mais, dit-il, c'eût été «une désertion». Drôle de métaphore. Ainsi la politique UMP est une guerre et le passage au gouvernement un parcours du combattant.
Et si quitter la droite revient à trahir une armée, comment qualifier la rupture préalable avec la gauche ? Une première désertion. Mais quittons ces symboles guerriers. On peut, en politique, changer d’avis ; juger qu’il vaut mieux baisser les impôts, par exemple, que les augmenter ou bien abandonner la loi des 35 heures. C’est affaire d’opinions, et on a le droit de ne plus être de gauche. Toute autre est l’épreuve morale. Dans l’affaire des Roms ou dans celle de la déchéance de nationalité proposée par l’UMP, ce sont les principes qui sont en jeu, principes humains, principes républicains.
Aussi réaliste que l’on soit, peut-on, quand on a fondé Médecins sans frontières par exemple, admettre la mise à l’index de catégories entières, ou encore l’identification sommaire de l’étranger au délinquant ? Il y faut une dose dangereuse de reniement. C’est ce qui arrive aux ministres d’ouverture. Ils auraient pu se démarquer, quitte à mettre en jeu leur démission. Mais pour cela, il aurait fallu se redres