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Libération
TRIBUNE

Les Roms dans ma ville

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par Sara VIDAL, écrivain
publié le 31 août 2010 à 0h00

J'ai vu chaque matin arriver des princesses : en longues jupes scintillantes, avec leur ceinture et leurs boucles d'oreille étincelantes, leurs châles brodés de sequins (est-ce que ce vieux mot a encore un sens ?) parlant, riant, ensemble. Et puis se répartissant leur terrain de terrasses de cafés, de tables de brasseries, d'allées du marché aux fleurs. Leurs habits, leurs rires, leurs regards furtivement effrontés et vite détournés comme des bouquets de soleil. «Et les mornes matins en étaient différents.»

Je devinais d'où elles venaient, de ces bidonvilles improvisés, de ces maisons squattées sans eau ni électricité et leur brillance chaque matin, leurs «belles robes» comme nous disions enfants quand nous nous déguisions, n'en étaient que plus magiques. J'ai vu les femmes assises sur les trottoirs sur un bout de carton avec un enfant sur les genoux, un autre un peu plus grand qui mendie en sautillant, s'accroche aux passants. A proximité des banques et leurs distributeurs de billets, à la sortie des boulangeries. J'ai vu les clientes acheter des pains au chocolat, des croissants et les leur donner, des gens du quartier apporter des jouets, des vêtements, s'intéresser à la fièvre du petit, leur parler, proposer… J'ai donné tous les jours un euro à ma petite dame favorite assise sous l'enseigne BNP. Elle me disait avec son accent hésitant : «Merci maman.»

J’ai vu venir vers la fin de l’après-midi ceux que j’ai appelés les arpenteurs. Un homme, une femme, une