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Libération

Du gaullisme social à la rigueur

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publié le 2 septembre 2010 à 0h00

François Fillon est un homme d'idées. Du moins s'en targue-t-il. Certes, il a toujours considéré que la politique devait «d'abord être une affaire d'idées, de projet» et que le débat public souffrait du fameux consensus mou entre «la vieille droite et la vieille gauche [qui] expirent ensemble». Biberonné au gaullisme par Joël Le Theule - son mentor qui décédera brutalement sous ses yeux en 1980 - il s'est ensuite arrimé pour deux décennies à Philippe Séguin et à son gaullisme social. Avec lui, il s'opposera au traité européen de Maastricht en 1992. Bâtisseur de théories politiques et habile dialecticien, François Fillon a toujours su justifier ses choix sans jamais se renier. Ce qui lui a permis sans ciller de passer de Séguin à Balladur, avant de se rabibocher avec Chirac… pour le vomir à jamais lorsque Sarkozy lui a donné une place de choix pour bâtir son programme de 2007. Le «nouveau gaullisme» qu'il affirme incarner dans son livre la France peut supporter la vérité (Albin Michel, 2006), se traduit par son goût pour «le monde qui bouge : les mutations technologiques, les bouleversements géopolitiques, le foisonnement des idées». Mais à l'épreuve du pouvoir, le Premier ministre s'est surtout illustré par sa volonté d'apparaître en gestionnaire rassurant, refusant l'aggravation des déficits publics même en période de crise et prenant plaisir à prononcer les mots tabous du Président comme «rigueur» ou «faillite»