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Libération
EDITORIAL

Feutré

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publié le 2 septembre 2010 à 0h00

Pour un peu, on se croirait au Parti socialiste. Un Premier ministre confesse non pas son «trouble», comme jadis Laurent Fabius vis-à-vis de François Mitterrand, mais un désaccord aussi net que feutré. Jusque-là, comme dans un dessin animé, François Fillon jouait les Droopy à côté de Speedy Gonzalès. Droopy s’émancipe. Il fait savoir en mots simples qu’il n’aurait pas prononcé, lui, le discours de Grenoble du président de la République. Un peu plus tard, Jean-François Copé, présidentiable autoproclamé, stigmatise ces petites phrases du numéro 2 de l’exécutif. Et d’un seul coup, le paysage change à droite. Il y avait jusque-là un seul chef, dont on pouvait regretter certaines initiatives mais qu’on suivait bon gré mal gré, tant il dominait de son impérieuse activité et de son audace sémantique ou réformatrice le camp conservateur. Les difficultés nées de la crise, l’affaire Woerth et l’insuccès de l’offensive sur la sécurité ont fissuré le dispositif. Le chef trébuche, les rivaux sortent du bois. Fillon, Copé, Bertrand, sans oublier Villepin ou Juppé : ils sont désormais plusieurs à revendiquer l’héritage de la droite française. La division a changé de camp. Pour 2012 ? C’est à ce stade improbable. Nicolas Sarkozy a suffisamment de ressource pour reprendre l’offensive. Les difficultés le dopent ; il ne déprime pas : il se bat. Pour l’empêcher de se présenter, il faudrait un séisme politique. Nous n’y sommes pas. Mais dans le jeu de la majorité, un Premier ministre passe-murai