François Fillon, c'est un peu «l'homme tranquille» de la majorité. Sans ostentation, il arbore tous les attributs rassurants du chic bourgeois provincial : des racines avec une vaste propriété à Solesmes dans la Sarthe, des chevaux, quatre enfants, une épouse galloise et discrète (Pénélope), de la terre et un petit mandat d'élu local… Mais cet anti-bling-bling catholique est aussi un moderne. Féru depuis toujours de nouvelles technologies (il se définit lui-même comme un «geek»), il est fan de voitures de course. Combinaison enfilée, il s'est installé en novembre 2009 au volant de la Peugeot 908 qui avait remporté les 24 heures du Mans. Avec à la clé une petite formule pour égayer les chaumières à l'heure du journal télévisé : «Il est plus facile de piloter la 908 que la France.»
Derrière son impeccable coup de peigne et son sourire dents blanches, François Fillon traîne une réputation d'éternel second qui l'a vu des années durant se mettre dans la roue de mentors (Joël Le Theule, Philippe Séguin) puis de Nicolas Sarkozy. Avant leur alliance de pure opportunité scellée en 2005 contre Villepin et la chiraquie, Sarkozy n'avait que mépris et condescendance pour le caractère «mou» de Fillon, fustigeant son «absence de courage». Mais l'actuel Premier ministre est un homme à la rancune sélective. Sans illusions sur le genre humain, le monde politique et surtout sur le chef de l'Etat, il a fini par se forger une image propre à rassurer sa majorité