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Libération
EDITORIAL

Calvaire

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L'affaire Bettencourtdossier
publié le 3 septembre 2010 à 0h00

De vérité partielle en demi-mensonge, de démenti embrouillé en dénégation floue, de soutiens incertains en esquisse de lâchage, le calvaire d’Eric Woerth continue. Calvaire enclenché par lui-même, quand il a décidé de cumuler les fonctions de ministre et de trésorier de parti. Le fameux aphorisme du cardinal de Retz - on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment - pour une fois ne s’applique pas. Il eût mieux valu dire la vérité d’emblée sur la Légion d’honneur (drôle d’honneur…) de Patrice de Maistre, plutôt que devoir tardivement et piteusement reconnaître l’existence d’une lettre fort gênante. Inlassablement, le même mécanisme est à l’œuvre. Sur le plan pénal, rien n’est établi. Pour le reste, le cas du ministre symbolise le trouble manège des services rendus et échangés, des coups de main litigieux et des coups de pouce contestables, qui caractérise les mœurs d’une certaine classe dirigeante. La droite est sous le projecteur et ses liens avec les gens d’argent apparaissent dans une lumière crue. A vrai dire, l’attribution de légions d’honneur à des relations utiles, tout comme les renvois d’ascenseur à d’anciens soutiens, ne sont pas son monopole. On pourrait citer maints exemples de la même pratique sous tous les gouvernements. Mais ce rappel ne pourra pas servir d’excuse. Ici et maintenant, c’est l’UMP qui est sur le gril. Pour sortir de cette inconfortable situation, on sent qu’ici et là les fidélités s’étiolent. La tentation, de plus en plus, se fera jour de sacrifie