Drôle de mouvement social. A peine rentrés de vacances, les Français sont appelés à manifester demain contre un projet de réforme des retraites qu’ils jugent injuste mais indispensable (1), porté par un ministre qui ne tient plus qu’à un fil, le tout dans un climat de défiance généralisé, propice à gonfler les cortèges pour d’autres motifs que la réforme elle-même (lire page 4). La pire configuration pour l’exécutif, à la veille de l’examen du projet de loi par les députés. C’est dire si le nombre de manifestants va être scruté de près par le gouvernement, qui ne manquera pas de le comparer aux 2 millions de personnes (selon la CGT) descendues dans la rue le 24 juin. Mais pour l’heure, et pour des raisons différentes, les trois piliers de la réforme - gouvernement, patronat, parlementaires - abordent ce deuxième round en position de faiblesse.
Un gouvernement déboussolé
Pour l'exécutif, le premier des talons d'Achille, c'est bien sûr Eric Woerth, le ministre du Travail chargé de défendre le projet de loi. Un peu plus enlisé chaque jour par l'affaire Bettencourt, le maire de Chantilly doit pourtant tenir jusqu'à la fin du débat parlementaire, fin octobre. Lâché par les syndicats, qui le considèrent désormais comme un «problème», décrédibilisé auprès des Français, dont 60% pensent qu'il «ne devrait pas demeurer le ministre en charge de cette réforme» (2), il bénéficie d'un soutien de plus en plus timide de la part du gouvernement. Il suffirait d'une nouvelle ré