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Libération
EDITORIAL

Substances explosives

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publié le 6 septembre 2010 à 0h00
(mis à jour le 6 septembre 2010 à 13h43)

Rien de plus hasardeux que la météorologie sociale. Tel voit un ciel dégagé quand un cyclone va l’emporter. Tel autre annonce la tempête et se retrouve, ridicule, au milieu d’un temps de demoiselle. Combien a-t-on prédit «d’automnes chauds» et de «printemps des luttes» qui n’ont jamais eu lieu ? Quel observateur avait prévu mai 1968 ou décembre 1995 ?

Pourtant, cette fois, l’avis de coup de vent a quelque consistance. La preuve : les grenouilles qui le craignent ne sont pas d’opposition. Le gouvernement se prépare à lâcher du lest sur son projet de réforme des retraites : c’est bien qu’il juge le rapport de forces moins favorable qu’il y a trois mois. L’UMP a des états d’âme et se divise. Le Medef redoute des concessions excessives. Les ambitieux de la droite ne craignent plus d’exposer au grand jour leurs querelles et leurs appétits. Officiellement, c’est pour 2017. Mais on ne sait jamais…

Le gouvernement, c’est un fait, accumule les épreuves. A la crise économique, dont il n’est pas le premier responsable, s’ajoutent les miasmes de l’affaire Woerth, une réforme des retraites que beaucoup trouvent injuste, une offensive contre les étrangers qui heurte les consciences bien au-delà de la gauche, des fractures nouvelles dans la majorité, et une opposition apparemment décidée à sortir de l’ornière. On dira que ce sont là ingrédients disparates qui ne monteront pas en sauce. Peut-être.

Mais on voit se développer deux protestations. L’une est sociale et classique : elle traduit u