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Libération
TRIBUNE

Xénophobes, les Français ? Pas si sûr, monsieur Sarkozy !

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publié le 6 septembre 2010 à 0h00

Depuis les années 80, nous avons vécu en France sous le régime du «seuil de tolérance». L'idée s'est imposée, à gauche comme à droite, qu'il fallait prendre au sérieux le «problème de l'immigration» - le Front national ne lui devait-il pas sa progression dans les urnes ? Certes, il ne s'agissait pas d'épouser les thèses de l'extrême droite, mais plutôt, pour reconquérir son électorat, d'apporter d'autres réponses aux mêmes questions. Pour combattre la tentation xénophobe, il convenait d'éviter tout «angélisme», et de faire preuve de «réalisme». La France ne pouvait «accueillir toute la misère du monde», sauf à buter, surtout dans les classes populaires, sur un seuil de tolérance.

Cette rhétorique a imposé sa logique à l'ensemble des partis en leur offrant un modèle du «juste milieu» : chacun s'est employé à définir son point d'équilibre, entre tolérance raisonnable et intolérance modérée. Toutefois, de loi en loi, et de débat en polémique, le spectre du problème de l'immigration n'a pas cessé de déraper vers la droite. Dans les années 2000, la montée en puissance de Nicolas Sarkozy a marqué une accélération ; depuis 2007, c'est l'emballement. Le 10 septembre 2009, à la veille du «grand débat» sur l'identité nationale d'Eric Besson, Brice Hortefeux pousse jusqu'à son terme la logique du seuil de tolérance, réduit au «prototype» : «quand y en a un, ça va».

Comment expliquer ces glissements progressifs ? C’est que la dérive droitière du juste milieu est inscrite