Qu'il y ait aujourd'hui 1, 2 ou 3 millions de manifestants dans la rue, Nicolas Sarkozy a déjà perdu une bataille : celle de l'opinion. Toutes les enquêtes convergent : les Français, très majoritairement, approuvent cette journée de mobilisation. A 63% selon un sondage BVA pour M6 (1). A 70% pour l'Ifop dans Ouest France ce dimanche (2). Et même à 73% d'après une enquête Obea-Infraforces commandée par France Info et 20 Minutes (3).
Certes, les mêmes enquêtes montrent que les personnes interrogées pensent qu'une réforme est inéluctable. Elles considèrent (à 65% selon Obea-Infraforces) que la journée d'action «n'aura pas d'impact sur les projets du gouvernement». Et ils sont 48% à estimer que si la gauche gagne la présidentielle, elle ne reviendra pas sur la réforme.
Mais le reproche que font les Français au gouvernement n'est pas de réformer. C'est de le faire en creusant les injustices. En juin, ils étaient entre 52% et 66%, selon les instituts, à considérer la réforme comme «injuste». Trois mois et une campagne de communication à 7 millions d'euros plus tard, ils sont encore 67% (Ifop) à trouver que les mesures proposées ne sont «pas justes».
«Habileté». Le gâchis est d'autant plus évident qu'il y a à peine trois ans, une autre réforme des retraites avait été menée avec le soutien de l'opinion : celle des régimes spéciaux. La mobilisation des cheminots, électriciens, gaziers, conducteurs de métros et d'autobus aurai