Menu
Libération

«On va passer quinze ans de plus que nos parents en retraite»

Article réservé aux abonnés
François Fillon. premier ministre :
publié le 15 septembre 2010 à 0h00

Pour convaincre l'opinion de l'urgence absolue de réformer le système des retraites, rien de mieux qu'un bon chiffre choc. Et toc. Sur France 2, jeudi, le Premier ministre, François Fillon, a expliqué avec un air d'évidence : «Si on veut garder le système par répartition, alors que notre vie s'allonge, on ne peut pas ne pas allonger la durée de travail. On va passer quinze ans de plus que nos parents en retraite. Comment peut-on imaginer financer des retraites qui s'allongent en moyenne de quinze ans ?» Quinze ans de plus en retraite ! De quoi plomber les comptes de la nation. Sauf que le chiffre est totalement fantaisiste.

En 1980, l’espérance de vie à 60 ans d’un homme (c’est-à-dire le nombre d’années restant à vivre au-delà de cet âge) était de 17,3 ans. Trente ans plus tard, l’espérance de vie à 60 ans d’un homme est de 21,7 ans. Autrement dit, d’une génération à l’autre, l’espérance de vie en retraite a donc progressé de 4,3 ans. Pas de quinze… La progression est à peu près équivalente pour les femmes dont l’espérance de vie à 60 ans est passée de 22,4 ans en 1980 à 27,1 ans en 2010 (+ 4,7 ans). En fait, Fillon confond l’espérance de vie à la naissance, qui augmente en gros d’une dizaine d’années par génération (et non de quinze ans comme il l’assène) et l’espérance de vie à 60 ans, qui est le seul indicateur pertinent à prendre en compte dans le dossier des retraites.

Xavier Bertrand s'était déjà pris les pieds dans les espérances de vie. Au début du débat sur l