Quelque chose s’est passé dimanche soir au théâtre du Châtelet. Quelque chose qui traduit l’ampleur du choc provoqué par Nicolas Sarkozy quand il s’est mis, à partir du discours de Grenoble, à mettre en cause les principes mêmes du pacte républicain qui rassemble la nation. Dans une salle comble - plus de 2 000 personnes avaient pris place au parterre, à la corbeille et jusqu’au poulailler, sous la houlette chaleureuse et passionnée de Serge Moati - ils étaient une quarantaine d’orateurs pour représenter le spectre politique et social le plus large.
De Jean-Luc Mélenchon à Corinne Lepage, d'Elisabeth Guigou à Robert Hue, de Bertrand Delanoë à Christiane Taubira, auteurs de deux messages remarqués, toutes les gauches et le centre étaient représentés, avec la participation de militants de la société civile aussi divers que Mouloud Aounit, président du Mrap, Sihem Habchi, présidente de Ni putes ni soumises ou Arielle Schwab, dirigeante de l'Union des étudiants juifs de France. Dominique Sopo, président de SOS Racisme, organisateur de la soirée avec la Règle du jeu et Libération, avait en ouverture posé l'équation politique de l'heure : à la conception dévoyée de la nation défendue par l'UMP, une nation fermée, méfiante et bientôt policière, il faut opposer un autre récit national. Celui d'une France de l'égalité, de l'ouverture, de la tolérance et de l'intégration : une France républicaine.
Le mot d’ordre de la soirée, «Touche pas à ma nation», choisi à dessein,