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Libération
TRIBUNE

Jeanneney, mort d’un grand commis d’Etat

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publié le 22 septembre 2010 à 0h00

Jean-Marcel Jeanneney qui vient de disparaître allait être centenaire dans moins de deux mois. Cet universitaire, économiste réputé, restera comme l’un des hommes politiques les plus ouverts et les plus indépendants de la période du gaullisme gaullien.

Fils d’un président du Sénat qui fût ministre d’Etat du général de Gaulle à la Libération, père de Jean-Noël Jeanneney qui fût plusieurs fois secrétaire d’Etat de François Mitterrand, il aura incarné ces dynasties républicaines toutes dévouées au bien public, affichant une probité intransigeante. Avec lui, l’argent et le pouvoir ne risquaient pas d’avoir des relations incestueuses.

Ami proche de Michel Debré dont il fût le ministre de l'Industrie (avec comme directeur de cabinet le jeune Raymond Barre), il est alors très typique de ces grands commis de l'Etat dirigistes et énergiques qui bâtissent la Ve République.

Gaulliste convaincu mais homme de progrès, de tradition clémenciste, il accepte la charge éprouvante de premier ambassadeur de France auprès de la République algérienne. Ministre des Affaires sociales avant 1968, il devient ministre d’Etat chargé de la réforme constitutionnelle qui provoque le départ du Général. Il sera l’un de ses derniers visiteurs à La Boisserie. Après la mort de celui-ci, persuadé qu’il n’y a pas de gaullisme sans De Gaulle, il s’éloigne de la majorité. Il juge Georges Pompidou trop conservateur, il critique vivement Valéry Giscard d’Estaing, il laisse percer sa sympathie pour François M