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Interview

Accoyer : «Que chacun retrouve son calme»

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Parlement . Le président de l’Assemblée nationale se défend d’ignorer les droits de l’opposition.
Le président de l'Assemblée Bernard Accoyer, à Paris le 8 septembre (© AFP Jacques Demarthon)
publié le 23 septembre 2010 à 0h00

Le torchon brûle entre les députés de gauche et Bernard Accoyer, le président de l’Assemblée nationale. Il se défend d’avoir voulu empêcher l’opposition de s’exprimer.

Le 15 septembre, vous avez mis fin au débat sur les retraites, alors qu’il restait des orateurs inscrits. Êtes-vous, comme le dit l’opposition, devenu un «putschiste» ?

Evidemment non. J’ai fait respecter la lettre et l’esprit de la réforme constitutionnelle de 2008 et du nouveau règlement de l’Assemblée nationale. C’était un devoir républicain. L’opposition recherchait l’obstruction, qui paralyse et affaiblit le Parlement. Je trouve préoccupant que le président de l’Assemblée nationale, qui veille au respect des règles, soit ainsi mis en accusation dans l’invective et l’outrance. Le président du groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault, s’insurgeait lui-même contre l’obstruction. Mais c’était en 1998, et son groupe était majoritaire.

Reste que vous avez refusé à 133 députés le droit d’expliquer leur vote…

L’opposition, depuis le début de la semaine, ne cherchait qu’une chose : retarder le vote du texte. La date en avait pourtant été fixée en conférence des présidents, avec l’accord de Jean-Marc Ayrault et des présidents de groupe. Il y avait déjà eu soixante-quatre heures de débats. Le règlement prévoit qu’un député dispose du droit d’expliquer son vote quand il diffère de celui de son groupe. Là, nous avions entendu 23 députés sur les 166 inscrits, et ils allaient tous dans le sens de leur groupe. Il s’agissait à l’évidence d’obstruction.

Les socialistes ont refusé de siéger. Jean-Marc Ayrault annonce qu’il ne participera pas à la conférence des présidents. Et le PCF veut boycotter les postes de responsabilité. La démocratie peut-elle fonctionner sans opposition ?

Je respecte ces choix, mais je les regrette. L’Assemblée nationale est une institution républicaine et l’opposition y a des droits. Mais une fois dépassé ce regrettable épisode, j’appelle chacun à retrouver son calme