Depuis l’émission de Laurent Delahousse qui lui a été largement consacrée dimanche dernier sur France 2, il n’est question que du départ programmé de François Fillon. C’est un fait que le Premier ministre, nettement plus détendu et disert que d’habitude, a fourni des arguments à ceux qui pronostiquent son prochain remplacement. Il a pris des distances inédites avec Nicolas Sarkozy, le plus poliment du monde. Il a critiqué son style à mi-voix et a adopté un ton plus égalitaire que d’ordinaire. Il a surtout évoqué directement son propre avenir, en soulignant à plusieurs reprises son désir d’affronter de nouveaux challenges. Ce n’était pas un testament ou un discours d’adieu, mais cela ressemblait à une émancipation tranquille comme si déjà l’hôtel Matignon s’éloignait dans les brumes automnales. Paradoxalement, François Fillon n’a jamais eu autant l’air d’un Premier ministre que depuis qu’il se prépare à quitter la rue de Varenne.
A court terme, la question qui se pose est pourtant moins de savoir quel est le challenge auquel songe François Fillon - mairie de Paris, UMP ou destin présidentiel dans sept ans - que de comprendre à quoi il sert de le remplacer.
L’originalité du système de gouvernement de Nicolas Sarkozy est en effet que le président de la République est en réalité son propre premier ministre. Avec lui, le chef de l’Etat préside mais gouverne aussi, prend lui-même toutes les décisions importantes, les revendique, les commente et les assume. C’est un régime présidenti