Le bouclier fiscal devait être un marqueur politique. Un signal lancé à la France des petits propriétaires, à l’électorat de droite qui ne cesse de râler contre l’impôt, pour dire qu’il a été entendu. Un marqueur comme l’ont été les congés payés pour le Front populaire, le verre de lait de Pierre Mendès France, l’abolition de la peine de mort sous Mitterrand, les 35 heures de Martine Aubry.
Un marqueur, c'est une réforme qui montre à son propre camp qu'on fait bouger les lignes, et c'est encore mieux si elle est décriée par le camp d'en face. Pour l'inspirateur du programme présidentiel de 2007, l'historien Jacques Marseille, décédé en mars dernier, le bouclier fiscal devait démontrer que Nicolas Sarkozy avait été élu pour défendre le bas de laine accumulé grâce au «travailler plus pour gagner plus». Le dernier avatar du célèbre «enrichissez-vous!» lancé par Guizot, ministre de Louis-Philippe en 1840. «Quand un Français gagne 100 euros, l'Etat n'en prélèvera jamais plus de 50», martèle Nicolas Sarkozy. Et comme on voit bien l'intérêt du bouclier pour les riches, on essaie de démontrer qu'il protège aussi les pauvres.
Le retraité de l’île de Ré
Eté 2007. La polémique fait rage sur la loi dite Tepa (Travail, emploi, pouvoir d’achat), dont le bouclier fiscal est la principale mesure - avec l’exonération des heures supplémentaires. Personne, sauf peut-être le trésorier de l’UMP parce qu’il est aussi ministre du Budget et que son épouse vient d’être embauchée par Patrice de Maistre