A la veille de la convention nationale du PS sur les questions internationales, samedi à La Défense, Pierre Moscovici, ex-ministre des Affaires européennes, exprime ses réserves sur le texte présenté à cette occasion par le parti.
Comment jugez-vous le texte sur la «nouvelle donne internationale et européenne» présenté par Laurent Fabius ?
Ce texte, je l’ai voté, et je le voterai à nouveau samedi. Il est bien écrit, réaliste, présente bien les menaces et tensions internationales et porte une approche équilibrée de la mondialisation. Mais il faut encore le faire évoluer. Le juste équilibre entre la nation, qui porte nos valeurs républicaines, l’internationalisme, avec le respect des droits de l’homme ou la volonté de changer le monde, et la construction européenne n’est pas atteint. Il faut faire claquer plus fort le drapeau européen.
Pas assez européen, donc…
Sans être antieuropéen ou eurosceptique, le texte reste beaucoup trop prudent sur l’Europe. Il est presque nostalgique, ou du moins réservé, sur les élargissements passés. Je n’approuve pas cette réticence voilée. L’élargissement était nécessaire, et il fallait accueillir les pays d’Europe centrale et orientale. Il n’est d’ailleurs pas achevé. Ne commettons pas l’erreur de nous isoler.
Et sur le cas de l’adhésion de la Turquie ?
J’ai là une divergence avec le texte, trop réticent sur ce point. Certes, les conditions ne sont pas remplies aujourd’hui. Mais cette adhésion serait à terme profitable économiquement, politiquement, géopolitiquement. Je crains une Turquie qui se sente rejetée et qui dérive un jour vers l’islam radical. Je préfère une Turquie européenne plutôt que sympathisant avec Ahmadineja