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Libération
EDITORIAL

Troublant

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publié le 15 octobre 2010 à 0h00

Il ne fallait pas prendre les jeunes pour des gamins… Les avertissements pesants lancés par le gouvernement contre toute mobilisation lycéenne ont eu l’effet inverse de celui qu’il recherchait. Accusés d’être manipulés, les lycéens ont pris la mouche. D’autant plus facilement que leurs droits politiques sont reconnus depuis longtemps et que la manifestation - faut-il le rappeler ? - fait partie des outils démocratiques constitutionnellement établis depuis deux siècles. Ce début de protestation juvénile a donné lieu à un nombre anormal d’incidents graves. Là encore, les réflexes d’autorité propres à une certaine droite française sont les pires des conseillers. Certes, il y a dans tout défilé des minorités, ou des individualités, décidées à en découdre. Mais la conjonction des incidents dans un nombre impressionnant de villes parfaitement tranquilles, face à des groupes souvent pacifiques, a quelque chose de troublant. On n’aimerait pas apprendre que la police a reçu des consignes de dureté destinées à montrer que toute mobilisation de la jeunesse débouche sur le désordre et la violence. Mauvais calcul. La politique du flash-ball ne dissuadera personne et provoquera au contraire un réflexe de solidarité qui gonflera les manifestations. L’irruption de la jeunesse scolarisée change la donne de ce conflit. Elle peut embarrasser la gauche et les syndicats. Mais elle peut aussi contraindre le Président à accepter le principe de discussions, ou de concessions, qui étaient jusque-là