Menu
Libération
TRIBUNE

Terrorisme : l’Etat se nourrit de nos peurs

Article réservé aux abonnés
publié le 18 octobre 2010 à 0h00

J’avoue ignorer si les attentats meurtriers qu’on nous promet à grand renfort de publicité auront lieu. Ce que je sais par contre, c’est que pour chaque personne qui tombe victime du terrorisme, il en est dix mille qui en vivent. Parfois grassement. Politiciens et fonctionnaires, militaires de carrière et mercenaires, industriels de défense et détenteurs de brevets, politologues, islamologues, journalistes, essayistes, cinéastes et romanciers : nous sommes aujourd’hui légion à vivre de ce qui est devenu une véritable industrie.

Prenez moi par exemple, qui écris des romans d’où le terrorisme est rarement absent : on vient de me voir à une émission très en vue, et je ne vous dis pas le bien que cela aura fait à mon ego comme à mon éditeur, pour ne rien dire de ma mère (je ne dis pas «ma vieille mère» car il se pourrait qu’elle lise ce papier). «Vu à la télé», tel est le label très prisé que m’aura conféré l’industrie du terrorisme qui tourne aujourd’hui à plein régime. Et la question que je me suis posée (car je suis, comme tout un chacun, partagé et je me plais parfois à m’observer faisant mes choux gras de l’os qu’on me donne à ronger), la question, disais-je, est de savoir le pourquoi de toute cette industrie.

La réponse, je pense l’avoir trouvée dans le rétrécissement du rôle de l’Etat, rétrécissement en peau de chagrin qui aura laissé nos gouvernants nus. Du fait de l’effondrement du bloc soviétique et de l’éloignement de la menace d’une invasion des Huns, l’Etat a en effet