Depuis janvier, Dominique de Villepin multiplie les visites dans les quartiers populaires. Perçu comme l’anti-Sarkozy, il est souvent bien accueilli par les jeunes issus de l’immigration qui n’ont pas oublié son non à la guerre d’Irak, porté en 2003 aux Nations unies. Cinq ans après le drame de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le Premier ministre à l’époque des faits analyse la situation dans les cités.
Vous avez été confronté, en 2005, à une révolte des banlieues. Quelle était votre priorité ?
Le double souci de la cohésion nationale et de l’ordre républicain. Les violences étaient inacceptables et la fermeté s’imposait. Mais il fallait aussi rechercher le dialogue. C’est pourquoi j’avais jugé nécessaire de faire des gestes forts : recevoir à Matignon les familles des deux victimes de Clichy-sous-Bois et multiplier les concertations avec tous les acteurs des banlieues. Sous l’autorité du président de la République, je me suis efforcé de coordonner l’action du ministre de l’Intérieur et des ministres chargés des questions économiques et sociales.
Vous aviez décrété l’état d’urgence contre l’avis de Nicolas Sarkozy…
Il avait des réticences. Mais des mineurs des quartiers étaient exposés, et j’estimais que nous ne pouvions pas prendre le risque de voir l’autorité de l’Etat davantage mise en cause. D’ailleurs, dès qu’il a été en place, on a assisté à un reflux.
Que retenez-vous de vos visites en banlieue ?
Il y a toujours le même manque de reconnaissance et l’absence d’avenir. Les violences de 2005, c’était un cri d’alarme. Ces quartiers s’interrogent sur leur place dans la République : près de la moitié des mineurs y sont dans une situation de pauvreté. Partout, j’entends la dema